Ciné: Mikey & Nicky
Duo parleur...
Résumé:
Nicky est dedans jusqu'au cou. Un grand patron de la pègre veut le buter. On ne sait trop pourquoi. Il est dans sa chambre d'hotel, à New York, et il flippe à mort. Il appelle Mikey, son pote, pour l'aider à s'en sortir. S'en suit une longue promenade dans un New York glauque. Nicky va tenter d'échapper à son destin.
Film de Elaine May avec John Cassavetes et Peter Falk. Les autres ne sont vraiment pas importants!!!
Film sur un duo, sur une amitié, sur un pourri.
Le film tourne uniquement autour du duo que forme Nicky et Mikey. L'un est appeuré, l'autre est là pour le soutenir, pour l'aider. L'un cherche à éviter de mourrir, l'autre cherche a le faire tuer. L'un pense qu'ils sont amis, l'autre se voit comme son souffre-douleur, sa béquille.
Relation bizarre donc entre ces 2 personnages. Nicky est un réel pourri, le mauvais ami profiteur, moqueur, méchant. Mickey est au contraire assez bonne pâte mais il a trop subi, il a décidé d'en finir avec cet ami qui prend un malin plaisir à l'humilier.
Le film tournant autour des personnages, presque tout l'intéret repose sur les acteurs. Autant Peter Falk est tout en retenu, autant John Cassavetes est dans la démesure. Toujours en train de s'agiter, de parler, de crier. Il est dans un surjeu qui énerve beaucoup au début (enfin pour moi). On le sent parfois réellement décalé. Volonté délibérée de la réalisatrice ou réelle "déficience" de John Cassavetes, on finit pourtant par s'y faire. Peut-être parce que Peter Falk vient contre-balancer cette débauche de mouvements, d'expressions forcées par son jeu sobre et élégant.
Du coté des images, on sent que ce film a été fait avec les moyens du bord parce qu'on ne peut pas dire qu'il y ait une grosse unité. Cela se voit dès les premières séquences à 2 dans la chambre d'hotel. Les champs/contre-champs ne sont pas filmés avec le même type de pellicule ou de caméras, ce qui donnent des lumières et un grain complétement différents d'une image sur l'autre. C'est relativement choquant, ça gène un peu au début et on finit par s'y faire mais cela n'aide pas à rentrer dans l'histoire. Dans la chambre d'hotel aussi, certains plans à l'épaule sont assez éprouvants, ça bouge dans tous les sens, c'est mal cadré. C'est surement sensé traduire l'état d'esprit de Nicky (totalement parano) à ce moment-là mais c'est un peu pénible. Le reste du temps, tout est filmé à hauteur d'homme, au plus proche du duo à part le plan presque fixe quand Nicky entreprend sa charmante copine.
En revanche ce qui est étonnant, ce sont les relations que les 2 personnages entretiennent avec les femmes, particiulèrement Nicky. Il traite sa « petite amie » comme une pute en essayant de la refourguer à Mikey. Il essaite de draguer une jeune fille noire dans un bar noir avec une finesse digne d'un mammouth chez Ikea et bien sûr, ça s'envenime. La jeune fille est défendue par les males du bar. Il va ensuite voir sa femme et sa fille chez sa belle-mère. Il est presque violent avec tout le monde. Sa femme lui retombe dans les bras à la faveur de belles promesses. Et pour finir, la femme de Mikey est un gentil chien-chien bien docile qui s'occupe de son fils et qui l'attend jusqu'à une heure indue, sagement assise sur le canapé à fleurs. Même si elles ne sont pas le sujet principal du film, bien au contraire, l'image qui est donnée d'elles n'est tout de même pas très reluisante et c'est d'autant plus étonnant que c'est une femme qui scénarise et réalise.
Mais cette vision des femmes, qui reste finalement anecdotique par rapport à l'histoire entre Mikey et Nicky, n'enlève à rien à la force du scénario. La relation entre les 2 personnages est cruelle, ambigüe, compliquée. La noirceur de Nicky nous le rend presque sympatique tellement on le sent perdu et vulnérable mais , quand on pense qu'il s'assajit, il en profite pour devenir encore plus cruel.
En résumé, un film des années 70 qui a un peu vieilli mais qui a tout de même gardé beaucoup de sa force grace aux acteurs.